Espagne : les mineurs de plus en plus nombreux à jouer

En pleine croissance en Espagne, les jeux de hasard et les paris sportifs font de plus en plus d’adeptes chez les mineurs, à qui la législation espagnole interdit pourtant la pratique. 13,6% d’entre eux auraient déjà joué à des jeux d’argent en 2018 : un effet de mode préoccupant, d’autant plus que certains développent une addiction qui les conduit à l’échec scolaire et à la dépression.

Selon la Direction Générale de la Gestion des Jeux (DGOJ), plus de 4 milliards d’euros sont joués chaque année en ligne en moyenne, pour une trentaine de paris placés chaque seconde en Espagne. D’ailleurs, les jeux de hasard représenteraient 2,3% du PIB espagnol, alors que le Ministère des Finances du pays a enregistré une hausse de 20% de ces activités depuis l’année dernière. Toujours selon la DGOJ, le budget engagé pour les publicités diffusées pour attirer de nouveaux joueurs et parieurs a progressé de 53% en quatre ans, pour atteindre les 103,4 millions d’euros en 2017. 

L’augmentation du nombre de salles de jeux et de paris dans le pays n’est pas étrangère à cette croissance. Installés pour beaucoup à proximité de centres éducatifs, elles attirent une clientèle de plus en plus jeune, qui les fréquentent pour boire un verre ou regarder un match de football tout en jouant ou en pariant. La publicité attire également les jeunes en mettant en scène des personnalités qu’ils apprécient telles des joueurs de football, à l’instar de Neymar et Ronaldo qui apparaissent dans les publicités de PokerStars, des acteurs ou des rappeurs. Selon une étude de l'Université Carlos III de Madrid, les paris sportifs attirent aujourd'hui principalement les jeunes entre 18 et 24 ans, avec une nette évolution au cours des dernières années. En 2013, moins de 5% de cette tranche d’âge avait déjà joué à des jeux d’argent, contre 30% en 2017. En outre, le dernier rapport « Enquête sur l’usage de drogues en éduction secondaire en Espagne » indique que 13,6% des moins de 18 ans auraient joué à des jeux ou parié de l'argent en 2018, et ce malgré l’interdiction en vigueur dans le pays. Si certains utilisent de faux papiers pour entrer dans les espaces de jeux, les professionnels du secteur ferment parfois les yeux sur l’âge des parieurs, ce qui favorise l’addiction au jeu chez les mineurs. Face à ce récent fléau, certains ont décidé de se mobiliser, comme en Andalousie, où la Fédération de joueurs de hasard réhabilités a demandé aux autorités de fixer une distance minimale entre les centres éducatifs et les salles de jeux d'argent et de paris sportifs. A Madrid, un décret établit déjà une distance minimale de 100 mètres à respecter entre les salles de jeux et les centres d'éducation primaire et secondaire, tandis qu’à Barcelone, qui compte déjà 35 salles de jeux, 17 bingos et un casino, la Mairie a décrété en octobre dernier interdire la création de nouvelles salles de jeux. Enfin, l’association de consommateurs FACUA a demandé au gouvernement espagnol d'interdire l'usage des cartes de crédit dans les salles de jeux, afin de freiner les joueurs. 

Source : Le Petit Journal