Jeux d’argent et confinement : l’ANJ mène l’enquête

L’année 2020 aura été marquée par deux périodes de confinement liées à la pandémie de Covid-19. Une étude menée par Harris Interactive pour le compte de l’Autorité nationale des jeux montré que pendant la seconde, « si les joueurs historiques n’ont pas bouleversé leurs habitudes, de nouveaux joueurs, bien que peu nombreux, jeunes et portés sur des pratiques en ligne potentiellement à risque en termes d’addiction, ont fait leur apparition. Décryptage.

Réalisée entre le 8 et le 15 décembre 2020, l’étude révèle que parmi les joueurs ayant déclaré avoir joué au cours de l’année dernière, 75% d’entre eux ont joué durant le deuxième confinement, avec une légère surreprésentation des joueurs en ligne, qui ont joué pour 80% d’entre eux pendant la période. Les jeux de tirage en point de vente représentent 44% des jeux « pratiqués » lors du deuxième confinement, les jeux de grattage en point de vente 39%, les jeux de tirage en ligne 36%, les jeux de grattage en ligne 23%, les paris sportifs en ligne 12%, les paris hippiques en point de vente 9%, les paris hippiques en ligne 8%, le poker en ligne 8% et jeux de casino 7%.

Force de l’habitude et attrait du gain

Les joueurs interrogés ont évoqué comme motivations principale l’attrait du gain monétaire à 57% et la force de l’habitude à 43%. 19% d’entre-deux ont indiqué leur volonté de se changer les idées par rapport au contexte actuel, alors que 14% ont déclaré que cette pratique était liée au fait d’avoir eu plus de temps libre, ou à l’ennui (12%). Seuls 9% d’entre eux estiment avoir joué par besoin.
Les joueurs habituels déclarant ne pas avoir joué pendant la période ont indiqué comme raison la volonté d’éviter de dépenser de l’argent (34%), l’impossibilité de se rendre dans l’endroit où ils ont l’habitude de jeu (33%) ou encore avoir eu des choses plus importantes à faire (29%) et manquer d’argent (21%).

Les jeunes plus touchés par les pratiques de jeu à risque

66% des joueurs qui jouaient déjà avant ont déclaré passer autant de temps qu’avant et 63% d’entre eux dépenser autant d’argent. Les nouveaux joueurs qui ont déclaré d’avoir jamais joué à des jeux d’argent au cours des années précédentes, représentent 5% des personnes interrogées. Parmi les joueurs de 18-24 ans, 13% ont découvert le jeu en 2020. Ces nouveaux joueurs semblent pour une part importante d’entre eux avoir été satisfaits par les expériences de jeu qu’ils ont découvertes au cours de l’année : seulement 21% souhaitant y mettre un terme en 2021 et 49% indiquant même qu’ils souhaitent continuer à jouer au moins une fois par mois.

Il ressort de l’étude qu’un peu plus d’un joueur sur dix a eu du mal à garder la maîtrise : 6% des joueurs de grattage ou de tirage ont déclaré avoir été débordés dans les années précédentes, quand ils sont 36% parmi les parieurs sportifs en ligne et 52% pour les joueurs de casino en ligne. Les jeunes joueurs semblent être plus touchés que leurs aînés par ce phénomène : 16% des joueurs de 18 à 24 ans et 14% des joueurs de 25 à 34 ans déclarent avoir ressenti une perte de contrôle durant le deuxième confinement (contre 2% des 50 ans et plus). A noter qu’un quart d’entre eux déclare avoir été dans cette situation. En outre, les joueurs en ligne déclarent avoir été particulièrement confrontés à la situation, qu’il s’agisse des joueurs de paris sportifs (19%), de paris hippiques (20%), de poker (22%) ou de casino en ligne (23%). Par contre, seul 47% des joueurs ayant été en situation de perte de maîtrise envisagent de moins jouer à l’avenir, contre 39% souhaitant maintenir leur niveau de jeu malgré les problèmes rencontrés et 14% envisageant même d’intensifier leur pratique. 41% d’entre eux envisagent d’en parler à leurs proches et un peu plus d’un tiers de se tourner vers les services d’accompagnements comme Joueurs-info service ou SOS Joueurs, alors que 43% indiquent qu’ils n’y auront pas recours.

 « Le confinement a favorisé l’arrivée de nouveaux joueurs vers des pratiques en ligne qui semblent plus à risque en termes d’addiction, voire même vers des sites de casinos en ligne qui sont illégaux en France. L’ANJ souhaite donc activer différents leviers pour renforcer les modalités de lutte contre cette offre illégale qui présente des risques d’addiction très forts et met en danger le joueur. Dans un contexte inédit pouvant conduire à la perte de repères, elle entend aussi sensibiliser les jeunes joueurs pour qu’ils adoptent une pratique récréative des paris sportifs », a résumé l’ANJ.