L’Autorité nationale des jeux (ANJ) a lancé une large consultation publique portant sur les pratiques des opérateurs de jeux d’argent en matière de publicité. Cette initiative fait suite aux dérives de ces derniers constatées pendants l’EURO 2020 de football, qui ont amené l’autorité à se poser des questions sur le modèle de régulation en vigueur en la matière depuis dix ans.
Selon l’ANJ, la pression publicitaire observée pendant l’Euro de football, le ciblage des jeunes publics, ainsi que les messages entretenant l’illusion de l’argent facile sont particulièrement problématiques. En effet, selon une enquête Harris Interactive menée pendant la compétition pour l’ANJ, plus de la moitié des personnes ayant vu les publicités pour les paris sportifs estiment qu’elles étaient trop nombreuses et près de huit français sur dix ayant vu ces publicités considèrent qu’elles peuvent comporter un risque d’addiction.
Une consultation publique
L’ANJ a décidé d’organiser sur septembre et octobre une large consultation publique portant sur les pratiques des opérateurs de jeux d’argent en matière de publicité. L’objectif : voir comment les publicités pour les jeux d’argent sont perçues par les différents acteurs et les risques qui leur sont associés. Mais également évaluer les outils dont elle dispose pour réguler la publicité et imaginer des pistes complémentaires « qui lui permettrait de mieux assurer le respect du principe d’un jeu récréatif qui fonde le modèle français, particulièrement auprès des jeunes publics et des populations vulnérables ».
« Pour interroger la permanence d’un consensus autour du modèle français des jeux d’argent et des évolutions qui pourraient éventuellement être apportées en matière de publicité, l’ANJ a choisi de privilégier la voie d’une consultation ouverte à l’ensemble des publics. En effet, la publicité des jeux d’argent nous concerne tous : joueurs, non joueurs, parents, éducateurs, opérateurs, etc. Chacun pourra s’exprimer sur l’équilibre acceptable à trouver entre la publicité sur les jeux d’argent et le maintien d’une pratique récréative du jeu. Ce sera ensuite au régulateur de porter des recommandations équilibrées et efficaces, reposant sur un pacte social partagé par tous », explique Isabelle Falque-Pierrotin, Présidente de l’ANJ.
Cette consultation concerne le grand public qui pourra donner son avis via un questionnaire en ligne disponible sur le site de l’ANJ pendant un mois à compter du 20 septembre, deux ateliers de dialogue citoyen organisés en région et un débat centré sur la thématique du ciblage des jeunes. Les parties prenantes professionnelles seront quant à elles sollicitées via un appel à contribution des parties prenantes professionnelles, un débat en région permettant de croiser le regard de différentes communautés concernées par le sujet et enfin un atelier de travail co-organisé par l’ANJ et l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) réunissant les opérateurs de jeux et les acteurs de la publicité. Cela permettra de construire des diagnostics communs, puis de formaliser des lignes directrices relatives à la publicité des jeux d’argent et, le cas échéant, de proposer d’ici la fin de l’année de nouvelles mesures aux pouvoirs publics de nature à faire respecter le modèle du jeu récréatif.