Marquée par la crise sanitaire qui a favorisé la numérisation des pratiques de jeu et l’arrivée de nouveaux joueurs, l’année 2020, qui a vu l’Autorité nationale des jeux (ANJ) succéder à l’Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL), a été historique au regard des niveaux d’activité relevés selon le rapport de l’ANJ publié ce jeudi.
Dix ans après son ouverture à la concurrence, le marché des jeux d’argent et de hasard en ligne se porte plutôt bien à en croire le bilan annuel de l’ANJ, qui révèle que le produit brut des jeux (PBJ) du secteur a progressé de + 22% en 2020 à 1,74 milliard d’euros, soit son plus haut niveau depuis 2010. Une bonne performance qui tranche avec celle des casinos et paris distribués en points de vente, qui ont quant à eux été fortement impactés par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.
Le poker en ligne est le segment qui a le plus profité du confinement et en particulier du premier. En témoigne son PBJ en hausse de + 64% par rapport à 2019 à 446 millions d’euros, chiffre qui bat le précédent record d’activité établi en… 2011. Le poker en ligne a également bénéficié d’un recrutement important de nouveaux joueurs, en hausse de + 53% à 1,84 million. Cette attractivité ne semble toutefois pas s’être accompagnée d’une progression incontrôlée du jeu excessif dans la mesure où les dépenses moyennes par joueur n’ont augmenté « que » de 7% en 2020 selon l’ANJ.
De leur côté, les paris sportifs en ligne ont vu leur PBJ progresser de + 7% à 940 millions d’euros. Les mises ont quant à elles augmenté de + 6% à 5,352 milliards d’euros, soit le montant le plus élevé généré sur une année depuis l’ouverture à la concurrence du marché et ce malgré un recul de – 56% de l’activité au deuxième trimestre. En parallèle, le nombre de joueurs a continué à progresser (+ 30%), pour atteindre les 4,478 millions de joueurs sur l’année. A l’opposé, le segment a enregistré une baisse d’activité importante en points de vente. La Française des Jeux (FDJ) a d’ailleurs communiqué sur une baisse de 10% des mises en paris sportifs tous canaux confondus.
Enfin, les paris hippiques en ligne ont enregistré une progression de + 33% à 1,473 milliard d’euros, soit également le volume de mises le plus important depuis 2010. Le PBJ a connu une croissance quasi similaire (+ 31%) et établi un nouveau record à 354 millions d’euros. Cette dernière a été soutenue par le recrutement de 5% de joueurs supplémentaires, portant le nombre de comptes joueurs actifs à 628.000. A noter que le PMU, dont l’offre de jeux distribuée en point de vente représente en général près de 90% de ses résultats domestiques, a communiqué une perte de son chiffre d’affaires de 15% dans ce réseau.
Un bilan positif
Dix ans après l’ouverture du marché des jeux d’argent en ligne ouvert à la concurrence, le secteur représente aujourd’hui environ 17% du chiffre d’affaires total du marché, contre 7% en 2011, avec un nombre de joueurs qui a plus que doublé entre 2011 et 2020, et un PBJ qui a quasiment triplé sur la période avec des hausses respectives de + 717% pour les paris sportifs en ligne, + 42% pour le poker en ligne et + 46% pour les paris hippiques en ligne. « La bonne santé du secteur des jeux en ligne, due notamment à l’arrivée massive de nouveaux joueurs en paris sportifs et poker, implique que les opérateurs renforcent leurs initiatives pour prévenir le jeu problématique et protéger les mineurs », a commenté dans un communiqué Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’ANJ. « Conformément aux nouvelles obligations entrées en application en 2020, ils doivent mieux identifier les joueurs à risque et les aider, mettre à disposition des outils de modération de temps de jeu ou de mises et garantir des stratégies promotionnelles responsables. Plus que jamais, et à l’approche d’évènements sportifs d’envergure avant l’été, la promotion d’un jeu récréatif doit constituer une priorité partagée par tous ».