Le trucage de match n’est pas réservé aux paris sportifs. L’eSports, discipline en plein essor depuis quelques années, a en effet été éclaboussée à plusieurs reprises par des scandales liés à de la triche, qui ont abouti sur le bannissement à vie de joueurs.
Matchs truqués, collusion, la triche est bel et bien présente dans l’eSports. Selon Vincent Marty, directeur général France d’ESL, ce phénomène s’explique, entre autres, par le profil des joueurs qui sont très jeunes, donc parfois plus sensibles aux pressions ou à la tentation de gagner de l’argent en pariant contre leur propre équipe. « C’est en 2014 et en 2015 que la scène internationale a vraiment pris conscience du [problème des matchs truqués] et a commencé à se structurer », estime Vincent Marty. En 2016, des acteurs de l’industrie se sont alliés pour former l’eSports Integrity Commission (ESIC), qui enquête sur les allégations de triche et d’atteinte à l’intégrité sportive sur plusieurs scènes compétitives.
S’il est difficile d’évaluer précisément le poids du marché des paris e-sportifs sachant que le secteur est encore en cours de régulation, il semble clair que ces derniers ne sont pas étrangers au développement du trucage de matchs dans l’eSports. A noter qu’en France, la discipline ne figure pas encore sur la liste des sports agréés par l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Pour tenter d’éradiquer le phénomène de triche, de nombreux acteurs de l’eSports interdisent aux équipes et aux joueurs, à l’instar de ce qu’il se fait dans le sport professionnel, de parier sur les matchs de leur discipline. « Nous avons tout un ensemble de règles pour empêcher les joueurs de parier et de truquer des matchs, et nous les informons des risques », a expliqué au Monde Tom Martell, directeur des opérations eSports chez Riot, l’éditeur du jeu League of Legends. Malgré tout, il reste compliqué de repérer et prouver les tricheries. Pour mettre toutes les chances de leur côté et protéger l’intégrité sportive de Counter-Strike et League of Legends, Riot et ESL travaillent avec Sportradar, qui surveille les paris. « Sur un match donné, ils récupèrent une multitude de sources de paris en ligne (…) et ils sont capables de détecter ceux qui semblent suspicieux », explique Vincent Marty.
Source : Le Monde