Alors que l’EURO 2020 de football a donné lieu à certaines dérives, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) a réuni les opérateurs de paris sportifs. Une nécessité a été dégagée : procéder à un rééquilibrage des pratiques afin de préserver le modèle récréatif du marché français des jeux d’argent. L’ANJ en a d’ailleurs profité pour présenter un plan d’action visant à renforcer la conformité des opérateurs, à adapter et compléter les outils existants, et si besoin à recourir à des procédures de sanction.
Avec près de 435 millions d’euros de mises, l’EURO a confirmé l’appétence des Français pour les paris sportifs en général, et le ballon rond en particulier. Mais aussi pour l’Équipe de France de football, les matchs des hommes de Didier Deschamps ayant généré 88 millions d’euros de mises en ligne, soit 22 millions d’euros en moyenne par rencontre. Le revers de la médaille : l’existence de pratiques contestables telles que le matraquage publicitaire beaucoup dénoncé tout au long de la compétition, le ciblage des jeunes ou encore la stimulation excessive du jeu. D’ailleurs, selon une enquête Harris Interactive menée pendant l’EURO pour l’ANJ, plus de la moitié des personnes ayant vu des publicités pour les paris sportifs estiment qu’elles sont trop nombreuses. Et près de huit français sur dix ayant vu ces publicités considèrent qu’elles peuvent comporter un risque d’addiction.
Une réunion constructive
Estimant qu’une ligne jaune a été « franchie en termes de pression publicitaire lors de cette compétition, de nature à questionner le modèle de régulation mis en place depuis 10 ans ; il importe de réduire drastiquement et immédiatement la pression publicitaire en faveur des paris sportifs », et que « les communications commerciales qui procèdent au ciblage des jeunes adultes et entretiennent l’illusion de l’argent facile sont particulièrement problématiques », l’ANJ a réuni les opérateurs le 20 juillet dernier. Tous sont prêts à travailler à ses côtés pour « proposer des axes d’amélioration et de limitation de ces communications commerciales ».
Cinq chantiers pour combattre les dérives et clarifier/compléter le cadre légal
L’ANJ a annoncé le lancement de cinq chantiers visant à combattre les dérives et à clarifier/compléter le cadre légal, qui devront être bouclés d’ici la fin de l’année. Ces derniers portent sur la publicité, les gratifications commerciales (offres de bonus de recrutement et de fidélisation), l’identification et l’accompagnement des joueurs excessifs, la limitation des mises et enfin les tipsters.
« L’EURO de football a eu un effet décapant extrêmement utile car il a mis en lumière et questionné des pratiques problématiques pour les paris sportifs que l’ANJ avaient identifiées pendant cette première année d’existence, a commenté Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’ANJ, dans un communiqué. Il n’est pas possible de faire croire aux jeunes qu’on peut gagner facilement de l’argent en pariant ! Consciente des risques que la situation actuelle fait peser sur la protection des joueurs, elle veut y répondre de façon résolue et efficace, avec un plan d’action qui se traduira rapidement par la clarification des règles applicables, la proposition éventuelle de nouveaux outils d’intervention et des actions de contrôle ou de sanction renforcées ».